Lefigaro.fr a compilé les résultats de plus de 250 élections sur ces 15 dernières années. Analyse d’un phénomène électoral à l’échelle continentale.
La progression est claire. Depuis 2001, l’extrême droite gagne du terrain sur le Vieux Continent. Notre infographie répertorie plus de 250 élections de portée nationale en Europe sur une période de 17 ans. Au fil des années, nombre de pays se foncent (voir l’infographie ci-dessous), traduisant la progression dans les urnes de cette frange de l’échiquier politique. On note bien, localement, quelques retours en arrière, qu’ils soient le résultat d’un effondrement électoral ou de l’étiolement d’une position jadis bien tenue. On distingue également des zones hermétiques au vote d’extrême droite. Cependant, si cette hausse des résultats électoraux ne se traduit pas par une prise de pouvoir solitaire, elle n’en reste pas moins une tendance visible sur l’ensemble du continent européen. Si bien que parfois la droite traditionnelle ou certains partis dits «antisystèmes» sont tentés par des alliances gouvernementales.
Pourquoi avons-nous choisi 2001 comme marqueur d’entrée de notre carte ? Parce que nos sociétés sont toujours dans la séquence politique ouverte par l’attentat commis aux États-Unis le 11 Septembre. Les extrêmes droites également. Si la critique de l’islam et du monde musulman était déjà présente chez elles, ces attentats deviennent alors des éléments centraux du discours néopopuliste. Notre infographie couvre donc la période ouverte par cette année pivot et se poursuit jusqu’aux élections tenues ces derniers mois.
Les droites extrêmes et radicales européennes sont diverses, multiformes. Les plus folkloriques d’entre elles peuvent revêtir les oripeaux d’époques révolues. Elles sont extrêmement minoritaires. La plupart ont évolué. Elles sont les produits de leurs époques et se sont adaptées aux mutations géopolitiques. Elles ont opté pour des positions politiques qualifiées de nationales-populistes ou de néopopulistes. La volonté de créer un homme et une société nouvelle, en vogue dans la première moitié du siècle, a cédé sa place à la critique de l’État providence et la nostalgie du passé, à la lutte contre le multiculturalisme et aux revendications identitaires.
En passant votre souris sur la carte, vous découvrirez le pourcentage réalisé par l’extrême droite pour chaque pays et chaque élection. Grâce au curseur sur la droite, vous pouvez faire varier les années.
S’il n’existe pas d’internationale fasciste, il n’y a pas plus d’unicité des extrêmes droites en Europe, et surtout pas dans le temps. Il n’existe donc pas de définition unanime pour attribuer cette étiquette à un parti plutôt qu’à un autre. Quelques traits communs se dégagent tout de même tels que l’idée que la société se comporte comme un organisme vivant ou encore le souhait d’instaurer la préférence nationale. Chacune y rajoute ensuite, selon son histoire ou les réalités nationales, une demande d’ordre, de libéralisme, d’étatisme, le rejet de l’immigration et/ou du multiculturalisme. Pour expliquer le phénomène, l’article est ponctué par les décryptages du chercheur Nicolas Lebourg, spécialiste des extrêmes droites, chercheur associé au CEPEL membre de l’Observatoire des radicalités politiques. Il est l’auteur, avec Jean-Yves Camus, du livre Les Droites extrêmes en Europe, paru en 2015.
Au cours de la période étudiée, notons la présence de deux autres formations contestant l’hégémonie du FN sur son credo politique. Le Mouvement national républicain (MNR) et la Ligue du Sud.
Le MNR est mené par Bruno Mégret après la scission du Front national à la fin des années 1990. S’il parvient peu après sa création à réaliser des scores entre 1 et 3%, il est aujourd’hui marginalisé. La Ligue du Sud est plus localisée mais récolte de meilleurs résultats. Également fondée par un dissident du FN, le cadre historique Jacques Bompard, brouillé avec Jean-Marie Le Pen, la Ligue du Sud dirige actuellement trois mairies (dont celle d’Orange) et compte un député (Marie-France Lorho).
Si Nicolas Dupont-Aignan a choisi de soutenir Marine Le Pen pour le second tour de l’élection présidentielle 2017, sa formation, Debout la France (DLF), n’est pour le moment pas considérée par les chercheurs comme faisant partie de l’extrême droite.
Soleil black Lunettes Grandes Chat Burenqiq Soleil à œil de de de Lunettes Bright YwA7f qu’il avait bien une «parenté avec le national-socialisme» et qu’il espérait pouvoir instaurer un «État autoritaire fondé sur communauté populaire définie ethniquement». Cependant, ils ont estimé qu’il n’y avait pas lieu de l’interdire, considérant que le mouvement n’avait «pas de portée» réelle.Hors du NPD, l’extrême droite allemande a longtemps été réduite à de petits groupes d’ultras, parfois violents : le pays a connu l’un des plus importants développements du nombre de skinheads en Europe. de Glasses Retro Unisex Femmes Color lunettes Reaso soleil Vintage 01 Mode Hommes Été XwxXqWZvS : entre la chute de l’URSS et le début de la réunification allemande. Elle est notamment liée au décalage entre la richesse de l’Ouest et la pauvreté de l’Est. «Le néonazisme apparaît donc plutôt dans les régions industrielles, qui voient le déclassement et la paupérisation d’une classe populaire blanche», selon l’universitaire Stéphane François. La radicalité de certains éléments peut aller très loin, comme l’a montré la vague de meurtres perpétrés contre neuf immigrés et une policière, commis par des membres du Parti national-socialiste souterrain (NSU), entre 2000 et 2006.
Cette absence de parti d’envergure aspirant le vote contestataire peut expliquer en partie Pilote Soleil Couleur Lentille Lunettes Miroir Hommes Polarisées Reste Lunettes NUBAO Silver Conduite Noir De Hommes Soleil Lunettes De Lunettes wEnav (Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident), début 2015, qui a réuni jusqu’à plusieurs dizaines de milliers de manifestants pendant plusieurs semaines. Si le mouvement en lui-même s’est essoufflé, sa dynamique se retrouve en partie prolongée au travers de l’AfD (Alternative pour l’Allemagne, créé en 2013), qui a réussi sa première poussée aux européennes de 2014, avec le score de 7%. Son programme était à l’origine centré sur des questions économiques (on l’a surnommé le «parti des professeurs»), avec notamment une position anti-euro affirmée. Il s’est radicalisé à l’occasion de la crise migratoire, sous l’impulsion de sa nouvelle figure de proue, Frauke Petry, pour mettre en avant des questions identitaires. Cette dernière est pourtant rapidement dépassée par des plus radicaux.
La campagne des élections législatives de septembre 2017 est ainsi confiée à Alice Weidel, (vivant en couple avec une femme d’origine sri-lankaise, fait notable pour un parti opposé au mariage gay et anti-immigration) et Alexandre Gauland. L’islam et l’immigration sont la cible principale de l’AfD pendant la campagne. Chose inimaginable dans le pays auparavant, Gauland, fait l’éloge des soldats du IIIe Reich. Entre ses déclaration anti-Merkel et ses dérapages, l’AfD parvient à fédérer les laissés pour compte de la croissance et les conservateurs endurcis. La formation double presque son score par rapport aux précédentes élections : 13%, qui se traduisent par près de 92 députés. Pourtant, derrière cette réussite, couve la division. Au lendemain du succès, Frauke Petry quitte le parti expliquant que la nouvelle radicalité de la ligne faisait fuir l’électorat modéré et annihilait toute possibilité d’alliance. Elle fonde le Parti bleu.
Face à la grande coalition d’Angela Merkel, l’AfD devient le plus grand parti d’opposition. Le parti d’extrême droite a obtenu la présidence de la commission parlementaire sur la justice ainsi que celle sur le tourisme. Mais siéger au Parlement n’a pas normalisé ni entraîné de modération du discours de l’Alternative pour l’Allemagne. Alexander Gauland, devenu porte-parole du parti, s’est réjouit d’y avoir «élargi le corridor du dicible».
Minimum: élections fédérales 2002, 0,30%, maximum: élections fédérales 2017, 12,6%.
Tout comme l’Allemagne, le Royaume-Uni est longtemps resté à part. Les partis extrémistes tels que le National front ou le British national party ne sont jamais parvenus à trouver une clientèle électorale comparable à celle du Front national en France, le pays ne subissant qu’une poussée de fièvre tous les 5 ans pour les élections européennes.
Les populistes de Ukip ont réussi un temps à se maintenir au-dessus de 12% aux législatives, amorce d’un éventuel changement. Les membres de Ukip se considèrent comme des vrais libéraux. Ils estiment ainsi que Marine Le Pen adopte des positions socialistes sur la question économique. Eux veulent réduire les le budget et les responsabilités de l’État. Sur les questions sociétales les deux formations sont en revanche plus proches, dénonçant l’immigration, jugée responsable de nombreux maux et souhaitant appliquer la tolérance zéro en matière de délinquance. Ukip a milité activement pour en faveur du Brexit. Nigel Farage, le leader historique de Ukip, a cependant abandonné son poste de président peu après le vote en faveur de la sortie de l’Union européenne.
Depuis, le parti est en chute libre et a dû changer de leader quatre fois en deux ans. Le dernier président, Henry Bolton, a été mis en difficulté par des propos racistes tenus par son ancienne compagne dans des SMS.
Minimum: législatives 2001, 1,70%, maximum: européennes 2014, 27,69%.
Minimum: législatives 2001, 4,43%, maximum: législatives 2013, 30,03%.
Malgré sa défaite lors de la Seconde Guerre mondiale, l’Italie n’a pas connu de période réfractaire face au phénomène néofasciste. Le MSI (Mouvement social italien), créé peu après l’interdiction du parti fasciste, a pu récolter jusqu’à 9% des voix dans les années 1970 et a été présent sans discontinuer à la Chambre des députés pendant 40 ans. Cependant le parti a définitivement muté dans les années 1990 pour devenir un parti de droite classique sous l’impulsion de Gianfranco Fini, terminant son parcours par une fusion avec le mouvement de Silvio Berlusoni. Une multitude de petites formations (Forza nuova, Alleanza nazionale, Fronte nazionale, Azione sociale, Movimento idea sociale, ou encore Casapound) ont continué d’entretenir la flamme néofasciste mais sans parvenir à des résultats significatifs.
Ces dernières années, l’Italie a été le berceau de deux mouvements originaux. Dans le Nord du pays s’est développé une tentative de régionalisme inédite avec la création de Ligue du Nord. Cette dernière fondait son discours sur l’essor de la Padanie, une entité imaginaire regroupant le Nord du pays. La Ligue du Nord a adopté la chemise verte comme uniforme, jouant ici avec le côté sulfureux de ce code vestimentaire. Au fil du temps, la ligne politique a eu tendance à se nationaliser et les critiques à se concentrer sur l’immigration.
Le leader historique de la Ligue du Nord, aujourd’hui retiré, Umberto Bossi, en 2010. Il brandit un fiole remplie à la source du Pô, fleuve qui traverse la «Padanie» et sensé représenter son unité.
Depuis quelques années, c’est cependant face à un phénomène nouveau que se trouve confronté l’Italie avec l’émergence du Mouvement 5 étoiles. Difficilement définissable, certaines déclarations de ses dirigeants tendent à le classer dans le camp des néopopulistes. Ses positions sur l’immigration sont très proches de l’extrême droite. D’autres mesures sont en revanche orientées à gauche, comme l’augmentation du salaire minimum ou l’instauration d’un revenu citoyen. Il faut ajouter à cela des propositions très diverses telles que la demande de sortie de l’euro, la mise en place de mesures anti-corruption, d’aide aux PME, le tout énoncé avec un populisme assumé et en prônant une forme de démocratie directe.
Le Mouvement 5 étoiles a remporté 25% des suffrages aux législatives en 2013 (109 députés sur 630). Il réalise 21% aux élections européennes l’année suivante. En 2015, son score est de 15% aux élections régionales. En 2016, le parti réussit une nouvelle fois à marquer les esprits en remportant les mairies de Rome (avec Virginia Raggi, 38 ans) et de Turin (avec Chiara Appendino, 33 ans). Mais la mauvaise gestion municipale de la capitale italienne et les soupçons de corruption qui pèsent sur l’équipe de Virginia Raggi entachent l’image du M5S. Beppe Grillo se met en retrait du parti, tout en ne s’en éloignant pas trop : il met en place un directoire de 5 personnes pour le remplacer. En juin 2017, des municipales partielles sont un échec pour le M5S. En septembre, Luigi Di Maio, 31 ans, est élu comme leader pour remplacer Grillo. Un choix qui pose question sur le moment, notamment à cause de son profil: sans réelle expérience professionnelle, il est perçu par beaucoup comme un conservateur.
Dans le même temps, les choses changent à la Ligue du Nord. Le vieux leader, Umberto Bossi, empêtré dans un scandale de corruption, est remplacé en 2013 par Matteo Salvini. La référence géographique est peu à peu abandonnée au profit d’un discours englobant l’Italie entière. La transformation est entérinée par un changement de nom. «La Ligue du Nord» devient «la Ligue» en 2018. Salvini calque sa stratégie sur celle du Front national français, axant son discours à l’encontre de l’immigration ou critiquant la monnaie européenne. L’option s’avère payante. La Ligue, qui n’avait obtenu que 4% des suffrages lors des dernières législatives de 2013, a plus que quadruplé ce chiffre à environ 18% en 2018. La formation devance même son allié, Forza Italia de Silvio Berlusconi, qui n’obtient que 14%. Salvini revendique donc la direction de la coalition et du gouvernement.
Le M5S n’est pas en reste, puisqu’il devient le premier parti du pays avec un score de 32,6%, un bon de 7 points par rapport à 2013. Fort de ce résultat, Luigi Di Maio revendique également la responsabilité de former le gouvernement.
Les deux formations s’entendent pour essayer de former un gouvernement commun. Un exercice périlleux puisqu’il s’agit d’associer un programme conçu pour plaire aux petits patrons du nord avec un autre destiné aux déclassés du sud. Le contrat de gouvernement essaye de contenter les deux en baissant et simplifiant l’impôt des particuliers et des entreprises (mesure demandée par la Ligue) tout en prévoyant l’instauration d’un revenu citoyen de 780 euros par mois (mesure du M5S). Autre mesure sociale : l’âge de départ à la retraite doit être abaissé. Économiquement, M5S et Ligue prévoient de pratiquer une politique de relance. Institutionnellement, ils souhaitent baisser drastiquement le nombre de parlementaires. Sur le plan international, le contrat prévoit de redéfinir les règles de fonctionnement européennes et de se rapprocher de la Russie tout en restant au sein de l’Otan.
Luigi Di Maio et Matteo Salvini, ne parvenant pas à résoudre leur querelle d’égaux sur le poste de président du Conseil, choisissent finalement de désigner Giuseppe Conte, un économiste peu connu du grand public. Le gouvernement qu’il propose est recalé une première fois par le président de la République à cause du ministre des Finances, tenant d’une position anti-euro. Huit jour plus tard, Conte propose un second gouvernement, qui est cette fois accepté. Matteo Salvini et Luigi Di Maio deviennent respectivement ministre de l’Intérieur et ministre du développement économique.
En Grèce, l’extrême droite est sans doute l’une de celles qui a fait le plus parler d’elle ces dernières années en Europe. Pourtant tombée en désuétude quelques années après la chute du régime des colonels, elle est remontée en flèche au cours des années 2000. Au début grâce au LAOS (Alerte populaire orthodoxe), qui finit par entrer au gouvernement en 2011 dans une improbable alliance avec la gauche et obtient un ministre et trois vice-ministres. Lesquels ont un certain pedigree puisque le ministre des Transports, avait été membre d’un parti néonazi et que le vice-ministre de l’Agriculture était un collaborateur du régime des colonels. Outre leur positions nationalistes, les membres du LAOS se distinguent alors par des prises de position parfois fantaisistes, comme la volonté que tout le monde se mette à parler le grec ancien. Ils prônent par ailleurs la défense de la religion orthodoxe. Économiquement, ils sont partisans de l’austérité. Cette participation gouvernementale balaiera les positions du LAOS, qui perd ses députés nationaux et européens au cours des années suivantes.
Les membres de l’Aube dorée célèbrent la bataille des Thermopyles, en 480 avant JC, lors de laquelle quelques centaines de guerriers spartiates ont défié une armée perse bien supérieure en nombre. Cet événement historique est devenu un symbole pour l’extrême droite, au-delà même de la Grèce.
Cette disparition permet l’émergence de l’Aube dorée (XA), formation d’inspiration néonazie devenue en quelques scrutins le troisième parti politique du pays. Le parti frappe les consciences tant il rappelle les années 1930 dans son décorum. Au niveau de son programme également. Son but ultime est de former une nouvelle société peuplée d’hommes nouveaux. Pour cela, il prône le recours à la démocratie directe, la planification de l’économie au service de l’État. Il rejette violemment toute forme d’immigration estimant que la société est formée de personnes ayant «le même héritage biologique et spirituel».
L’Aube dorée est parvenue à maintenir ses scores depuis 2012, même si le nombre de voix qu’elle réunit tend à diminuer à chaque scrutin. En 2014, le parti subit un revers important après l’arrestation de 69 de ses membres dont les députés nationaux et son leader Nikos Michaloliakos, jugés pour appartenance à une organisation criminelle.
Minimum: législatives 2007, 3,80%, maximum: européennes 2014, 13,27%.
À Chypre, c’est une formation sœur de l’Aube dorée grecque qui a fait son apparition en 2008. Son président, Christos Christou s’affiche régulièrement avec le parti néo-nazi et des membres de l’Elam célèbrent dans la rue les victoires de l’Aube dorée.
En 2016, avec un score de 3,7% seulement, le parti décroche deux députés au Parlement. Lors de l’élection présidentielle 2018, le score de la formation est en hausse. Près de 5,7% des suffrages se portent sur le nom de Christos Christou.
La Suède fait également partie des pays récemment concernés. Le parti des Démocrates de Suède (SD), situé à sa création à l’extrême droite radicale et proche de milieux néonazis, s’est longtemps contenté de scores négligeables, frôlant les 0%. En 2002, il dépasse pour la première fois 1% des voix.
Le leader des Démocrates de Suède, Jimmie Akesson, le soir des législatives 2014. Il célèbre le bon score électoral de son parti, qui passe de 6 à 13% et devient ainsi le troisième parti politique du pays. Sur la banderole, la fleur aux couleurs du pays, symbole du mouvement.
En 2006, il abandonne son ancien logo, une torche, pour adopter une plus douce fleur bleue et jaune. Pendant cette période, il se débarrasse de ses éléments les plus radicaux et police son discours, abandonnant le racisme frontal pour adopter le rejet du multiculturalisme, troque la défense des droits sociaux contre le libéralisme.
Il double depuis ses scores à chaque élection parlementaire et réalise en 2014 à près de 13%, décrochant une cinquantaine de députés au Parlement. Un score qui force les partis traditionnels de gauche et de droite à passer un accord de gouvernement valable jusqu’en 2022. Le but affiché de cette entente hors du commun est d’empêcher le pouvoir de nuisance de l’extrême droite au Parlement.
Minimum: européennes 2004, 1,13%, maximum: européennes 2014, 12,93%.
Timo Soini, leader des Vrais Finlandais et ministre des Affaires étrangères.
Comme la Suède, la Finlande est longtemps restée hermétique aux mouvements nationaux-populistes. La vie politique est restée, jusqu’à une période récente, un jeu égal entre les trois principales forces du pays, s’alliant les unes avec les autres au gré des élections. Il n’existe pas de véritable opposition entre la gauche et la droite et toutes les aspérités ont été gommées.
Pendant 10 ans, les Vrais Finlandais (qui changeront de nom pour devenir le Parti des Finlandais) n’ont obtenu que des résultats négligeables. Il faut attendre 2007 pour voir leurs scores commencer à monter et leur discours eurosceptique et anti-immigration prendre dans l’opinion. Ils explosent sur la scène politique en 2011 en réalisant 19% des voix. La personnalité charismatique de leur leader, Timo Soini, au milieu d’un paysage un peu consensuel, a sans doute joué dans ce succès. Tout comme les effets de la mondialisation qui a frappé l’industrie nationale du bois et du papier. Enfin, un scandale de corruption qui a poussé à la démission d’un premier ministre a également favorisé les populistes. Timo Soini réfute la qualification d’extrême droite et préfère décrire sa formation comme «un parti des travailleurs, sans socialisme».
En 2015, avec près de 18%, ils entrent dans un gouvernement de coalition aux côtés du centre et de la droite. Leur leader, Timo Soini devient ministre des Affaires étrangères. Il met alors de l’eau dans son vin, étant dans l’impossibilité de faire appliquer les principales mesures de son programme sur l’immigration, la politique européenne ou l’austérité. Cette participation au gouvernement lui coûter cher puisque Les Finlandais ne tardent pas à chuter dans les sondages.
Jussi Halla-aho. Crédit: Jussi Nukari/Lehtikuva/AFP
Au municipales 2017, les mauvais sondages trouvent une réalité dans les urnes. C’est la douche froide. Les Finlandais obtiennent 8,8% des voix. C’est une baisse de 3,5% par rapport aux précédentes municipales de 2012. Le score est divisé par deux par rapport aux dernières élections, les législatives 2015. Soini, reconnaît que sa formation «a souffert de la politique d’austérité du gouvernement». En juin 2017, après 20 ans de présidence du parti, il laisse sa place à Jussi Halla-aho, représentant de l’aile dure, déjà condamné pour des propos racistes. Les alliés conservateurs des Finlandais, le premier ministre Juha Sipilä en tête, expriment alors leur volonté de mettre fin à l’accord les liant, jugeant le parti infréquentable.
Alors que cette décision aurait normalement dû conduire à la chute du gouvernement, 20 députés sur les 37 que comptent Les Finlandais décident de quitter leur groupe parlementaire pour fonder leur propre groupe, baptisé Nouvelle Alternative. Ils annoncent vouloir continuer leur collaboration avec les conservateurs: le gouvernement est maintenu et les ministres issus de leurs rangs conservent leurs fonctions, notamment Timo Soini. La scission est définitivement actée lorsque les partants annoncent vouloir créer leur propre parti, la Réforme Bleue, présidé par Sampo Terho. À la mi-octobre, ils parviennent à déposer les 5000 signatures faisant officiellement d’eux la 17e formation politique du pays. Ils maintiennent la baisse des impôts sur le revenu, le contrôle de l’immigration et la défense de la Finlande au sein de l’UE comme lignes directrices de leur parti. Réforme bleue détient 5 portefeuilles ministériels.
De leur côté, Les Finlandais choisissent Laura Huhtasaari (38 ans) pour les représenter à la présidentielle de 2018. Cette dernière est connue pour ses positions sociétales conservatrices, anti-immigration et anti-UE. Elle est chrétienne, créationniste et fervente supportrice de Donald Trump. Au niveau international, elle se prononce pour le retrait d’un certains nombre de traités internationaux (Ottawa, sur les mines antipersonnel, Paris, sur le climat). Elle dit craindre la puissance de Poutine mais est opposée à l’intégration de la Finlande à l’Otan. En janvier 2018, elle réalise un score décevant, de 6,93%, en retrait par rapport aux 9,40% que Soini avait obtenus en 2012.
Minimum: européennes 2004, 0,70%, maximum: législatives 2015, 17,60%.
Dans d’autres pays, les scores de l’extrême droite et des nationaux populistes ne sont pas une nouveauté. C’est le cas en Autriche où il se maintiennent depuis 15 ans au-dessus des 15% et finissent ces dernières années entre 20 et 35%.
Le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ), existe depuis des dizaines d’années dans le paysage politique. Créé en 1956 sur les décombres d’un parti regroupant d’ancien nazis, il a été dirigé à l’origine par un ancien officier de la SS. Cependant, le parti a également su attirer des libéraux et ces derniers en ont même pris brièvement la direction dans les années 1980. En 1983, il entre alors une première fois au gouvernement. Comme souvent pour les partis contestataires, cette participation se solde par un revers aux élections suivantes: en 1986, il ne réalise que 1,2% des voix.
C’est à ce moment que le FPÖ va être repris en main par un leader charismatique qui va le porter de nombreuses années: Jörg Haider. Grâce à celui-ci le FPÖ est monté en puissance et en respectabilité avec pour socle doctrinal le rejet des étrangers associé à une position économique très libérale.
Il se fait élire gouverneur de Carinthie en 1989. Mais deux ans plus tard, il doit démissionner après avoir fait l’éloge de la politique de l’emploi du IIIe Reich. Cela ne l’empêche pas de récidiver sur ce terrain. En 1995, il déclare ainsi que la Waffen-SS est la «partie de l’armée allemande à laquelle il faut rendre honneur». Il retrouve finalement son siège en Carinthie en 1999.
Norbert Hofer dans son bureau, en novembre 2016.
Son bon score aux législatives de 1999 lui permet d’entrer au gouvernement l’année suivante. Le FPÖ forme alors une coalition avec le parti conservateur, provoquant de vives réactions en Europe. En 2005, Jörg Haider, qui souhaite poursuivre l’alliance gouvernementale, fait sécession et créé le BZÖ (Alliance pour l’avenir de l’Autriche), réussissant à mordre une part de l’électorat du FPÖ. Le BZÖ s’effondre après la mort de son fondateur dans un accident de la route, en 2008.
Le FPÖ continue, lui, d’être un parti central de la vie politique autrichienne, notamment sous l’impulsion de Heinz-Christian Strache, le nouveau président du parti. Il se détache de ses éléments les plus radicaux, lissant doucement son image. En 2015, le parti social-démocrate, le SPÖ s’allie localement avec le FPÖ afin d’obtenir la majorité dans certaines régions, brisant un tabou vieux de 30 ans et les dernières alliances rose-brune.
En 2016, Norbert Hofer, le candidat pour la présidentielle, arrive au second tour. Cet ingénieur originaire de l’Est du pays a quitté la religion catholique, qu’il estimait trop à gauche, pour le protestantisme. Toujours le sourire aux lèvres, il maîtrise parfaitement ses arguments: il a fait partie de ceux qui ont contribué à l’évolution du discours du FPÖ, remplaçant par exemple les attaques xénophobes par une critique de l’immigration. Le second tour, lors duquel il s’incline de peu, est annulé et reporté au mois de décembre de la même année. Il est finalement battu une seconde fois lors du «troisième tour», beaucoup plus nettement que la première.
C’est le président Heinz-Christian Strache qui mène la campagne législative d’octobre 2017, axant sa campagne sur un rejet de l’islam. La droite arrive en tête, avec 31,5% des voix, suivie du SPÖ, 27%, lui-même immédiatement talonné par le FPÖ, 26%. Compte tenu de la campagne très droitière menée par le leader de la droite, Sebastian Kurz, 31 ans, il était logique que ce dernier se tourne vers l’extrême droite pour former une coalition de gouvernement. Deux mois après le scrutin, l’annonce de la nouvelle alliance est faite à Vienne sur le mont Kahlenberg, connupour être le lieu où s’est déroulé ne 1683 la bataille qui mit fin au siège de la ville par les Ottomans.
Le vice-chancelier Heinz-Christian Strache et le chancelier Sebastian Kurz, lors de leur première apparition conjointe au Parlement.
Le FPÖ sort grand vainqueur de cet accord, obtenant six ministres dans le gouvernement. Heinz-Christian Strache devient vice-chancelier, également en charge de la Fonction publique et des Sports. Herbet Kickl, homme de l’ombre du parti auteur de nombreux slogans chocs obtient l’Intérieur. Les Affaires étrangères reviennent à Karin Kneissl, spécialiste du Moyen-Orient diplômée à la fois de l’université de Georgetown aux États-Unis et de l’ENA française. Elle n’a pas la carte du FPÖ mais en a l’étiquette. La Défense revient à un jeune cadre du parti, Mario Kunasek. Femme Lunette soleil de Youngsown Violet wtPpP récupère les Transports. Enfin, Beate Hartinger-Klein est placée à la Santé et aux Affaires sociales. Contrairement à la précédente entrée du FPÖ qu gouvernement, les États européens ne prennent pas de sanctions diplomatiques à l’encontre de l’Autriche.
Minimum: européennes 2004, 6,31%, maximum: présidentielle 2016, 35%.
Dans les pays nordiques, le Danemark et la Norvège se maintiennent à des niveaux élevés depuis 15 ans. Ces deux pays comportent nombre de similitudes : ils ont connu l’émergence de l’extrême droite populiste à la même période, les années 1970. Dans les deux pays, elle prend le nom de Parti du progrès (au Danemark, le Parti populaire danois prendra ensuite le relais). Ici, c’est la critique de l’État providence et de ses largesses sociales qui prédomine. Les questions ethniques et la dénonciation de l’immigration constituent une part importante du discours.
Le Parti populaire danois, qui soutient le gouvernement sans participation, a perdu en popularité suite à plusieurs affaires de financement.
En Norvège, le Parti du Progrès (FrP) fait partie du gouvernement depuis 2013, où il cohabite, non sans frictions, avec les conservateurs, qui ont brisé un tabou en s’alliant avec eux. Il est notamment représenté par la ministre de l’Immigration, Sylvi Listhaug, qui a la particularité d’être climatosceptique, d’admirer Ronald Reagan et Margaret Thatcher. En septembre 2017, le FrP obtient 15,2% des voix aux législatives, perdant 1,1% sur leur score réalisé 4 ans plus tôt. Les remaniements ne concernent pas les ministres du Parti du progrès, qui conserve 8 postes ministériels sur 19 (Finances, Transports et Communication, Enfance et Égalité, Immigration et Intégration, Pêches, Agriculture et Alimentation, Pétrole et Énergie, Justice et Sécurité publique).
En Suisse, l’UDC dépasse les 20% depuis 1999 et même les 25% depuis 2003, fondant son discours sur la mise en avant de la démocratie directe et l’isolement de la Suisse sur toutes les questions internationales.
Minimum : élections locales 2015, 9,50%, maximum: législatives 2005, 22,90%.
D’autres pays échappent à la vague européenne. L’Espagne et le Portugal restent depuis 15 ans totalement étrangers au phénomène, malgré l’existence de formations plus ou moins radicales dans les deux pays, mais dont la présence aux élections relève plus du témoignage qu’autre chose. En Espagne, les modérés du franquisme ont été intégrés au grand parti de la droite, le Parti populaire (PP). En outre, les fortes tendances nationalistes locales rendent plus compliquée la constitution d’une grande force nationale. Même constat au Portugal, qui, comme l’Espagne, a connu la dictature. De la même manière, l’Irlande ne connaît pas de vote d’extrême droite notable.
Dans les anciens pays du bloc soviétique, la logique est différente. L’histoire n’est pas la même. Aux régimes fascisants de la guerre ont succédé de longues années de communisme. Depuis la chute du Mur et des démocraties populaires, le chemin emprunté par les droites, républicaines ou radicales, diffère parfois grandement de celui pris par leurs cousines de l’Ouest. Les questions de société ne sont pas les mêmes, ne serait-ce que parce qu’elles n’ont jamais été confrontées au multiculturalisme. La récente question des migrants a donc constitué une nouveauté pour nombre de pays, dont les derniers brassages de population remontaient à l’époque soviétique, et ne concernaient que des populations slaves. Par ailleurs, des interrogations ont pu naître autour des droites polonaises ou hongroises, dont les leaders ont annoncé vouloir mener «une contre-révolution culturelle» en Europe.
La «Grande Hongrie».
La Hongrie connaît depuis plusieurs années un terreau fertile à la montée des extrêmes droites. Notamment en raison du rêve encore nourri par nombre de Hongrois du retour d’une «Grande Hongrie», dont les limites iraient bien au-delà des frontières actuelles. Ce territoire historique, remontant à l’Empire austro-hongrois, et divisé par le traité de Trianon en 1920, rassemble des terres situées aujourd’hui en Autriche, en Croatie, en Roumanie, en Serbie, en Slovénie et en Ukraine.
La Hongrie a vu réapparaître les défilés en uniformes rappelant la mode des années 1930, notamment avec la Garde hongroise, bras armé du Jobbik (Mouvement pour une meilleure Hongrie). En 2009, elle est dissoute par la justice.
Défilé de la Garde hongroise en 2007. Le groupe est officiellement dissous aujourd’hui, bien que certaines résurgences aient été constatées.
Dernièrement, la politique menée par le premier ministre Viktor Orban a pu poser des questions, notamment en raison des largesses prises à l’égard de l’État de droit. Le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite, rappelle cependant que si le Fidesz, parti de Viktor Orban, a «une conception moins libérale de la démocratie» que peuvent l’avoir les formations politiques occidentales, il n’en reste pas moins «un parti conservateur assumant son ancrage à droite» ayant su capitaliser sur la fierté nationale des Hongrois.
Le Fidesz est resté longtemps sous la pression du Jobbik, qui fut longtemps un parti d’extrême droite sans complexe. Le Jobbik n’a pas hésité à prôner pendant longtemps le retour de la Grande Hongrie, souhaitant apporter une aide aux populations d’origine magyare vivant hors des frontières du pays et à leurs entreprises. Le Jobbik a longtemps stigmatisé les Roms, exigeant la création de prisons spécifiques et la création d’une gendarmerie rurale chargée de cette question. Au niveau sécuritaire, le parti proposait d’exporter des prisonniers hors de Hongrie et de rétablir la peine capitale. Comme le Fidesz, il voulait solder l’héritage communiste, mais proposait pour cela de rendre publics les noms des collaborateurs de l’ancienne police secrète. Il souhaitait enfin que les terres hongroises ne puissent être vendues à des étrangers et ambitionnait grâce à cela de rendre le pays autosuffisant en matière d’alimentation. Le Jobbik était enfin anti-européen, préférant former un axe avec la Pologne et la Croatie pour faire concurrence «aux pays de l’Europe de l’Ouest qui dominent l’Europe». Il n’hésitait pas à expliquer clairement qu’il fallait «en finir avec les tabous que sont la politique impériale de l’Union européenne, les guerres injustifiées menées par les États-Unis ou encore les efforts sionistes d’Israël pour dominer la Hongrie et le monde».
Ce discours radical a permis au Jobbik une progression constante depuis sa création en 2003. En 2013, son président, Gabor Vona, décide cependant de faire prendre un virage stratégique à sa formation, qu’il souhaite rendre plus présentable. Le Jobbik se recentre et tente d’apparaître comme un grand parti conservateur. Gabor Vona s’excuse auprès des Juifs et des Roms pour les excès passés. Dans le même temps le premier ministre Viktor Orban radicalise son discours. La vague migratoire débutée en 2015 le conforte dans son orientation. Il déclare ainsi vouloir une «Hongrie ethniquement homogène».
Finalement, Gabor Vona, qui souhaitait cristalliser le vote anti-Orban, perd son pari au législatives de 2018. Le Jobbik réalise un point de moins qu’aux législatives précédentes, à 19%, gagnant tout de même trois députés de plus (26). Le Fidesz d’Orban fait le carton plein, avec 49,27% des voix, en hausse de 4,4%. Face à son échec, Gabor Vona démissionne. Il est remplacé à la tête du Jobbik par Tamás Sneider, qui prévoit de maintenir le virage opéré par son prédécesseur. Mais Sneider est vivement contesté en interne par l’aile radicale du parti, menée par Laszlo Toroczkai, qui entend rétablir la politique originelle du Jobbik, menaçant d’une scission s’il n’était pas entendu.
Minimum: européennes 2004, 2,35%, maximum: législatives 2014, 20,22%.
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Depuis quelques temps, le gouvernement polonais, mené par le parti Droit et justice (PiS), a pu soulever le même type d’interrogations que le cas hongrois. Des questions auxquelles Frédéric Zalewski, maître de conférences à Paris Ouest Nanterre, membre de l’Institut des sciences sociales du politique (CNRS), apporte les mêmes réserves que Jean-Yves Camus pour Budapest.
Noir Medium de Femme Lunette ALWAYSUV soleil Selon le chercheur, le PiS «est une droite qui développe des pratiques autoritaires sur des bases très conservatrices et qui n’hésite pas à faire des entorses à l’État de droit». Cependant, «le gouvernement polonais, contrairement aux dictatures, utilise les ressources de la démocratie comme instrument de légitimation» et se rapproche en cela des «démocratures» telles que la Russie.
Il y a ainsi en Pologne, comme dans nombre pays de l’Europe de l’Est, «la volonté de mettre définitivement fin au communisme et au pouvoir d’une partie des anciennes élites parvenue à maintenir ses positions politiques ou économiques. Il s’agit de créer une seconde révolution après celle de 1989.» Une révolution menée sur des bases conservatrices. Les positions fortes de la droite ont longtemps réussi à maintenir l’extrême droite à de faibles résultats, ce qui ne l’empêche pas de réaliser des percées lors de certaines élections.
Minimum: législatives 2011, 1,13%, maximum: européennes 2004, 28,57%.
À l’Est, d’autres pays ont vu leur extrême droite s’effondrer. La République tchèque en fait partie. L’Assemblée pour la République–Parti républicain tchécoslovaque, qui a pu réaliser des scores allant jusqu’à 8% dans les années 1990, s’est complètement effondrée, notamment à cause d’un discours musclé de la droite traditionnelle.
Tomio Okamura, nouveau leader de l’extrême droite tchèque.
Les scores de ce camp politique tendent cependant à remonter ces dernières années sous l’impulsion d’un personnage atypique, Tomio Okamura, né d’une mère tchèque et d’un père coréo-japonais, leader des partis Aube de la démocratie, puis Liberté et démocratie directe (SPD). Outre ses positions en faveur de la démocratie directe et la préférence nationale, il s’est illustré en demandant l’expulsion des Roms vers l’Inde ou en demandant de promener des cochons autour des mosquées.
En octobre 2017, aux législatives, Tomio Okamura porte le score de son parti à 10,64% et décroche 22 élus (sur 200) à la Chambre des députés. S’il laisse entendre un moment qu’il souhaite composer avec le nouvel exécutif, il annonce fin décembre qu’il ne soutiendra pas le gouvernement minoritaire d’Andrej Babis. Le même mois, il affiche cependant un rapprochement avec le président populiste Milos Zeman, alors en campagne pour sa réélection. Ce dernier s’est affiché dans un meeting du SPD, vantant les nombreux points communs entre sa vision politique et celle du parti d’extrême droite.
Tomio Okamura avait provoqué une polémique en doutant publiquement de la nature du camp de concentration de Lety, qui a ouvert en Bohême pendant la Seconde Guerre mondiale. Menacé de perdre son poste de vice-président de la Chambre des députés, il a néanmoins réussi à le conserver. Le CSSD (social-démocrate), qui négociait fin mai la mise en place d’une coalition gouvernementale avec la mouvement ANO (centre-droit), a placé comme condition de l’accord la destitution d’Okamura. Les sociaux-démocrates ont également posé comme principe l’interdiction de toute collaboration avec Liberté et démocratie directe.
En Roumanie, les scores de l’extrême droite se sont également effondrés. Le Parti de la Grande Roumanie est parvenu à accéder au second tour de la présidentielle, en 2000, grâce aux 28% réalisés par son leader Vadim Tudor, tribun au discours volontiers antisémite et laudateur du dictateur fascisant Antonescu (1940-1944). Ses scores se sont totalement écroulés devenant au fil du temps négligeables. En 2016, le Parti de la Grande Roumanie ne totalise que 1% des voix aux législatives. Il est même devancé sur son créneau politique par une nouvelle formation, le Parti de la Roumanie unie (2,80%).
En Slovaquie, le Parti national slovaque (SNS), ardent défenseur de l’indépendance du pays en 1993, auteur d’un discours xénophobe affirmé, a su maintenir des scores relativement élevés depuis 20 ans malgré quelques trous d’air, la faute à la concurrence d’une droite populiste mordant allègrement sur ses thèmes de prédilection.
En mars 2016, la nouvelle coalition rose-brun scelle son pacte autour d’un verre de champagne. À côté de Robert Fico, président du gouvernement (deuxième en partant de la droite), Andrej Danko (premier en partant de la droite), président du Parti national slovaque. Ce dernier préside également le Parlement national.
La gauche rattrape la droite sur ce terrain puisque le socialiste Robert Fico a fait alliance avec le SNS pour gouverner entre 2006 et 2010, récoltant de vives critiques internationales. Après une campagne législative dirigée contre les migrants, Robert Fico a de nouveau formé une coalition «rose-brun» en mars 2016 avec le SNS.
Fico a dû démissionner en 2018 suite à l’assassinat d’un journaliste enquêtant sur la corruption, Jan Kuciak. Il est remplacé par Peter Pellegrini, considéré comme très proche de son prédécesseur, qui continuerait à tirer les ficelles en coulisses. Il se repose sur la même coalition «rose-brune» tripartite.
soleil Rtero Des Mode Deylaying et Plier Anti de UV Homme soleil pour C1 Cadre fatigue Anti Classique Femme lunettes Portable Lunettes Charnière de gxngTwq. Les questions migratoires, qui font souvent recette à l’Ouest, n’avaient, jusqu’à récemment, que très peu concerné les pays baltes. Les populations considérées comme problématiques par une partie de la classe politique sont déjà situées sur le territoire national. «En Estonie et en Lettonie, il existe d’importantes minorités russophones qui ne disposent pas de la citoyenneté, détaille Céline Bayou. Une part du débat politique tourne donc autour de la Russie et de son rôle, devenu au fil des années plus inquiétant à mesure que Vladimir Poutine a augmenté son emprise sur le pouvoir.» Ces minorités de russophones non-citoyens s’estiment mises au ban de la société par les partis politiques classiques, tel Unité, en Lettonie, qui s’est ainsi prononcé contre le droit de vote. «Tout pour la Lettonie (le parti d’extrême droite, NDLR) a été plus loin que la droite classique, proposant de renvoyer tous les Russes dans des wagons, avec une référence évidente à la Seconde Guerre mondiale.» Les radicaux en sont donc souvent réduits à faire de la surenchère.